Nature, soleil et bouffe !

Jeudi 12 Aout 2021:

On a visité une maison à vendre. 350m², bien exposée, vue sur la mer, à retaper.

650 000€.

Voilà, comme ça, j’pose ça là.

Bon, le plan c’est plutôt de la curiosité, savoir ce qui se fait, à quel prix, dans quel état de délabrement etc.

Installée dans une rue très bien placée, exposée sud-ouest, avec “vue-sur-la-mer très-loin-cachée-derrière-des-arbres-mais-vous-pourrez-la-voir-si-vous-construisez-jusqu’a-12m-de-haut” (véridique), la maison est couverte d’Azulejos jaunes, présente un jardin en friche, un très grand garage comprenant deux chambres (de prison, ou presque).
L’étage est composé d’un salon collé à une chambre (pas idéal !), il faut traverser la cuisine pour accéder à la salle de bain et à l’autre chambre (pas idéal non plus..!)

Bâtie par des immigrés, petit à petit, année après année, elle ne fait pas les m² annoncés, est très mal agencée, des lézardes courent le long des murs, et les gouttières percées laissent poindre le soleil. Un rafraichissement général de l’extérieur s’impose mais le plus gros des travaux n’est pas là.

Il faudrait tout casser à l’intérieur et tout réorganiser, aménager le garage de façon plus agréable, mais il est trop sombre quoi qu'il en soit.

Que d’espaces perdus. Mais peu importe, celle là n’était pas prévue pour nous de toute façon !

On profite d’être dans le coin pour aller se promener dans le Parque da Cidade, le parc de la ville, en bordure d’océan. Très boisé, très agréable, on se ballade le long des chemins en profitant de la fraicheur des sous-bois. On croise une troupe d’oies en totale liberté qui se promène en cancanant.

                

                

Les eucalyptus déploient leurs ramures d’un vert tendre; offrant, pour le plaisir des yeux, leur troncs colorés comme une palette de peintre. J’aime ces arbres immenses et longilignes, pleins de grâce.

                

On rejoint le bord de mer en toute fin d’après midi, le soleil baisse considérablement, emportant avec lui sa chaleur et nous voilà en tenues légères dans le vent frais de l’Atlantique, vite de quoi se réchauffer !

                 - En attendant que l'Indien ouvre, ils sont pas super peureux ces pigeons ! - 

- J'adore cette maison, j'aimerais tellement pouvoir la retaper ! -

On s’installe dans un restau indien pour reprendre des forces. Chéri se régale pendant que je peine à finir mon plat, non épicé, mais toujours trop piquant pour moi..

Quelle sensible!

Et la fatigue s’abat d’un coup sur nous, la digestion probablement?

On se paie le luxe d’un petit Uber car on est loin de l’appartement et finalement on s’endormira dès le pas de la porte passé, à 21h30.

Les petites natures découvrent le grand air!

---

 Vendredi 13 Août 2021:

Edimbourg sentait, à toute heure du jour et de la nuit, ce parfum de petit déjeuner gourmand, discret mais présent partout, sans savoir précisément ce qu’on y mange mais juste qu’on va se régaler.

Porto ne sent rien de particulier, mais son vent frais de bord de mer est agréable et les goélands qui rient sur chaque toits apportent la signature des villes portuaires.

Les flaques de soleil, quand on s’y attardent, rougissent les épaules, le nez et les pommettes. Ou du moins, le devrait-elles, si on ne portait pas notre masque.

Vous nous verrez, rentrant dans quelques temps, le front rouge ou bronzé et le reste du visage blanc comme un c--- cachet d’aspirine. (beau rattrapage). Les yeux protégés par nos lunettes de soleil. 

Enfin pas moi, miss catastrophe, j’ai claqué mes lunettes avant d’avoir fini notre 1ère semaine sur place, en voulant discipliner une mèche de cheveux volage et récalcitrante.

Il va me falloir ajouter des óculos de sol sur ma liste de course. 

Je sors depuis quelque jours, aveuglée par une lumière bien différente de celle de l’écran de mon pc. Pauvre geek perdue, la réalité est bien agressive finalement. J’ai pas le level encore.

Et pourtant, je m’y obstine, impossible de rester enfermés une journée sans mettre le museau dehors, pas ici. (J’ai pu passer une semaine complète sans risquer un orteil dehors en Bretagne mais là, zut, il faut optimiser le temps sur place!)

Alors, même si ca n’est qu’une demie heure de pause dans nos activités digitales, on sort sous le soleil de plomb, chercher un gouter (bien gras) dans un café des environs. Et me voilà contente jusqu’au lendemain. (Dominée par mon estomac, je me satisfais de peu, finalement)

                

On a voulu aller voir les étoiles filantes aussi. Mais on les a raté, du coup on a fait un tour de la ville de minuit a 1h30, c’était cool aussi !

                

                

---

Samedi 14 aout 2021 

Samedi 14 août, 3ans de toi, 3ans de nous. Si peu et tellement à la fois. 

J’ai l’impression que c’était hier, l’an dernier et il y a 10 ans à la fois.

J’ai l’impression d’avoir perdu toutes ces années sans toi et d’avoir pourtant vécu toute une vie avec toi.

3 ans de sérénité, d’évidence, de naturel. L’introduction de toute une vie à deux. 

Je t’aime d’amour.

Pour fêter cette journée, on commence par un brunch dans un restau au dessus des quais de Gaia, pleine vue sur le Douro et les façades de Porto. Des œufs, du granola, du pain perdu, café, jus d’orange maison. On prend des forces car on prévoit de marcher l’après-midi! 

C’est frais, c’est délicieux, par contre ils ont fait tombé la salière dans mes œufs.

Je me souviens du temp où j’avais encore la télé (ça date) “Ne mangez pas trop gras, trop salé, trop sucré”. Le trop gras c’est déjà validé, le trop salé je le constate également. Le trop sucré va falloir s’accrocher avec moi mais c’est faisable.

Ils ont p’tet pas la télé ici?

L’estomac remplit, on part donc en promenade en dehors de Porto, environs 20-30 minutes de là. Les beaux paysages vallonnés des campagnes défilent, c’est beau. Mais je ne perçois pas leur menace de suite...

Car ces belles courbes, vues du confort de la voiture... ça sera pas la même chose à pattes !

On prend d’étroites ruelles dans un petit village charmant pour aller se garer en début du parcours de randonnée. Ca monte rude, ca descend tout autant, ils ne connaissent pas le plat ici. 

Une fois garés, on commence à suivre un petit chemin (qui sent la noisette) en bas de la côte, en longeant un tout petit ruisseau, remontant vers une petite étendue d’eau (très) fraiche.

Au dessus, un pneu pendouille d’un arbre en guise de balançoire. Chéri s’y amuse deux minutes, comme l’enfant qu’il est. Je teste après lui, en sautant à pieds joints car le pneu est un peu haut pour moi. Ou je suis un peu basse pour le pneu, je ne sais pas qui accuser là.

                

Il est neuf ce pneu, il est rigide, il cisaille les fesses et les cuisses. Je comprend l’utilité de la serviette éponge suspendue a un arbre à côté. Elle protège également des traces noires que je m’étale le long des jambes. Mais bon, je reste jamais bien propre, pneu ou pas pneu.

Et là.

C’est le drame.

J’arrive plus à sortir de mon pneu !

Il est trop étroit pour le passer par dessus ma tête, mais je suis trop petite pour retirer mes jambes que j’ai balancé la dedans d’un seul coup. Je perd l’équilibre quand j’essaie de retirer une jambe et je me balance de long en large comme une guignole.

Je ressemble à ce mouton dans la balançoire, mais a la verticale

Obligée d’appeler Chéri à la rescousse qui commence par se foutre de ma gueule, pour la forme, et qui m’attrape et me soulève pour me libérer.

Autant il a 6ans d’âge mental, moi j’ai 6ans de taille.

                

On contourne l’étendue d’eau pour revenir vers la voiture, mais ce qu’il a fallu descendre, il faut bien le remonter. Sur le chemin abrupte qui longe des jardins en friche, on souffle déjà et on rejoint la voiture 20 minutes plus tard perplexes quant à la durée de la promenade.

On a commencé par se planter, c’est obligé.

                

                

Petit contrôle sur le panneau de la randonnée, oui, on s’est ratés, c’était pas DU TOUT le chemin (pourtant y’avait des panneaux de couleurs qui le pointait, pour notre défense)

Alors, on recommence.

On redescend en repérant notre VRAI chemin et là..

Il va falloir grimper, longtemps, sur une route pavée très pentue et en plein soleil, après avoir monté, on remonte encore, et encore, et encore, à travers des forêts de jeunes eucalyptus, pour rejoindre un point de vue tout là haut qui nous offre une jolie vue sur le secteur.

                

Le chemin fait une boucle que l’on décide de suivre, mais à priori tous les autres avant nous préféraient faire demi tour.

C’est à travers un chemin de ronce qu’on arrive difficilement à suivre les indications de randonnée pour dévaler enfin le restant de colline en suivant des pistes en têtes d’aiguilles, comme les routes de montagnes, toujours plus en descente, freinant, tout pieds devant pour ne pas rouler-bouler dans les fougères.

                

Après avoir rejoint la route, on est à l’opposé de la voiture, il faut retraverser le village à pied, remonter toutes ces jolies ruelles qu’on a du emprunter en 1ère tellement elles sont serrées et en côte. Alors on avance, courbés en deux, les mains sur les cuisses, en soufflant et profitant d’une fontaine pour se rafraichir le visage, le cou, la tête.

Quand le parking apparait, on est ravi, on va pouvoir passer aux étapes suivantes.

“Pas besoin de marcher pour le prochain, c’est un point de vue, on y va en voiture” Qu'il me dit.

Fort bien, j’ai pas envie de l’admettre mais j’ai bien sué pendant ce petit tour, quelque chose de facile pour suivre c’est bienvenu.

Dans cet autre village, encore des ruelles étroites où on semble ne pas pouvoir passer en voiture, et nous voilà garés en hauteur, près d’un terrain de foot, surplombant le village. Des escaliers en bois nous attendent pour accéder au point de vue.

Ah bah oui mais non.

En haut des quelques marches c’est une montée encore plus pentue qui se présente. J’explose de rire en attendant la réaction de chéri qui, me rejoignant, me dit d’un air sage “Et oui, ca se mérite”..

Puis il regarde vraiment ce qui nous attend.

AH! (Petit Denis Brogniart) 

- Je m'en lasserai jamais je crois -

Bah oui, AH!, c’est sur que la ça va être mérité.

Allez go, on grimpe, ça monte mais ça semble pas long………………..eeeeeeeeeeeeet, raté de nouveau.

Derrière le virage, ca monte encore plus à pic, avec des cordes sur les côtés pour aider les pauvres vieux que nous sommes à escalader toujours plus loin, toujours plus haut.

On passe un gros caillou pour en voir trois autres derrières.

                

Alors on y va tranquillement, en appréciant le soleil qui cogne sur nos nuques et nos têtes. Car j’ai oublié mon chapeau, bien entendu. On ferait cuire un œuf sur mes cheveux.

Finalement une installation en bois s’avance dans le vide, tout là haut, pour nous permettre d’avoir une vue très sympa sur la vallée en profitant d’un vent frais salvateur.

On redescend plus vite qu’on est montés.. et l’étape suivante devrait être une plage de rivière.

Mais les quelques unes qu’on a croisé sont bondées et on a pas trop envie de se mêler à la foule; plus on avance vers les prochaines et plus on s’approche de la maison. Du coup, on n’ira pas à la plage, on rentre se poser directement.

On peut se laver, boire un bon coup et vaquer à nos occupations quelques heures.

Le soir, on ira se faire un excellent restaurant, tellement bon que pour une fois (et ca n’arrive que TRES rarement) je ne laisserai rien d’autres que la déco dans mon assiette, après entrée, plat ET dessert. Je pense que celui ci, il est validé et on y retournera plusieurs fois!

 (Et j'ai pas de photos car j'étais trop absorbée par mon coup de fourchette.)

---

Vendredi 20 Aout 2021

J’écris peu ces jours ci, on fait pas grand chose. On dort, on mange, on travaille. On sort un peu tous les jours, généralement pour aller acheter à manger justement.

On teste quelques petits restau, cafés, confeitaria. 

                

- C'est un petit bout d'un trottoir croisé pendant une promenade nocturne ! -

On a fait du badminton dans le Parque de la Cidade hier soir, mais il faisait déjà sombre et frais quand on est parti, ca n’a pas duré longtemps.

Porto a perdu son air de nouveauté, ça devient déjà mon quotidien. On ne fait pas d’activités de tourisme, nos journées sont rythmées par le travail et la nourriture. Qu’on soit ici ou à Rennes, à part la météo, il ne fait pas grande différence.

La rue où on habite est calme, globalement. Pas touristique, pas trop passante, c’est une rue à sens unique sans grand intérêt.

Donc on est tranquille.

C’est résidentiel, il y a beaucoup d’immeubles et de maisons de ville autour de nous. La nuit, entre minuit et 1h, on entend le camion de poubelle qui passe bruyamment, du coup on dort plus les fenêtres ouvertes.

Et quasiment tous les jours, vers 6h45, un voisin proche tire de l’eau pendant trois plombes, ça me réveille en sursaut presque à chaque fois. Ce matin, j’ai même entendu très distinctement le bruit de quelqu’un qui bouge dans son bain. Je pensais pas que c’était si mal isolé. C’est le seul moment où on entend des gens.

En face de notre immeuble, en contrebas, il y a une petite maison de ville, probablement divisée en appartements. Au premier étage on peut voir un balcon et un peu à travers les fenêtres des gens.

Je ne peux pas m’empêcher de regarder, ce balcon est en bordel constant, chaque jour un peu plus (je crois que depuis hier il y a même une porte fenêtre de travers, vitre explosée au sol, posée la) et des chiens et un chat qui s’y promènent. Du linge y sèche constamment et des sacs de je sais pas quoi s’amoncèlent de tous les cotés.

Et dire que moi je suis bordélique, mais là..

Hier soir, un peu avant minuit, pendant que l’un travaillait et l’autre grignotait dans la cuisine (Mais, qui fait quoi donc?) on a entendu des hurlements dans la rue.

On s'est précipité sur le balcon pour comprendre (je craignais que quelqu’un fasse du mal a un chien, Chéri pensait qu’une femme se faisait agresser.. On n'a pas les mêmes priorités!)

De là, on guette la rue sans voir quoi que ce soit, avant de réaliser que c’est bien une femme qui se plaint, gémit, pleure, dans ce fameux appartement d’en face. Comme on est au dessus, on ne voit que les pieds, par moment, des gens qui s’y déplacent. Un enfant pleure sans arrêt, et on commence à s’inquiéter. On n’est pas les seuls, leur voisin sur le coté n’arrête pas de sortir sur son balcon également.

J’ai l’impression que le monsieur est violent, il éclate quelque chose au sol, de rage, pendant que la femme, que je ne vois pas, continue de pleurer/gémir très bruyamment. On se décide à appeler la police, dans le doute. Police qui arrive avant qu’on ai fini de leur demander d’intervenir. Le voisin a été plus rapide que nous !

Quatre policiers resteront dans l’immeuble pendant plus d’une heure, on n’entendra plus rien. Aucune idée de ce qu’il s’est passé, de comment ça s’est fini et de si ça va recommencer. Mais ça a été compliqué de dormir sereinement après ça.

En plus, je me suis fait bouffer par un insecte toute la nuit! Je suis couverte de boutons, ça me démange, ça n’était pas encore arrivé.. Mais j'imagine que, comparativement à cette voisine, je n'ai pas trop à me plaindre de ma nuit !